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La salle de bains mauresque accueillait la marquise en sa vasque d’onyx recouvrant une cuve en bronze argenté et ciselé. Des trois robinets coulait de l’eau bien sûr mais aussi du lait, du tilleul et du champagne selon l’humeur de la courtisane. Sa chambre à coucher possédait une vaste cheminée dont l’entou- rage en malachite était encadré par deux nymphes en bronze doré.
Le jardin d’hiver formait une extension sur l’arrière, aujourd’hui disparue, et les écuries pouvaient abriter neuf chevaux et six voitures à cheval. Les visiteurs jamais ne se croisaient grâce à deux porches distincts pour les arrivées et les sor- ties...la marquise connaissait son monde.
Elle aimait tant son palais qu’elle en fit construire un autre sur le même modèle en 1868 en Silésie, la Pologne actuelle, le château de Neudeck. L’architecte Hec- tor Lefuel fit un décor similaire mais en des proportions encore plus vastes. La marquise s’y était installée en 1877 après des accusations d’espionnage qui l’obligèrent à quitter la France. Elle y mourut le 21 janvier 1884 à l’âge de soixante-cinq ans.
Malheureusement, la demeure fut incendiée en 1945 et rasée en 1962.
Le comte Henckel von Donnersmarck devenu veuf se remaria avec Catherine von Slepzow (1862-1929) et vendit l’hôtel parisien à un banquier berlinois James Soloschin.
Un ancien cuisinier du tsar, Pierre Cubat, y installa un restaurant réputé qui ras- semblait à ses tables le Tout-Paris. Malgré son succès, l’établissement fût fermé en 1898 et le Travellers Club, club pour gentlemen, s’y installa en 1903 avant d’en faire l’acquisition en 1923.
Depuis, c’est en ce lieu historiquement dédié au bon plaisir de la gente masculine que les membres peuvent se rencontrer dans l’an- cien palais d’une des célèbres courtisanes qui fit les beaux jours de la capitale.


































































































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