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C élèbre par sa beauté, souvent centrée sur son « nez », elle incarne ce qu’on
appellera le féminisme dans toute sa force et sa féminité.
Cléopâtre a su jouer de ses charmes autant que de son intelligence remarquable
pour lutter contre la montée en puissance de l’influence romaine sur ses territoires.
Présentée par la propagande machiste romaine comme une « reine prostituée » elle
fût vénérée telle une déesse par les Égyptiens et les Grecs dont la culture était plus
raffinée.
Au Moyen Âge, des écrivains arabes la décrivent en figure maternelle, protectrice
de son peuple, érudite et savante à l’image de la grande Isis.
Dès le XVIe siècle, l’Occident la réinvente sans cesse en littérature et en art. La
tragédie de sa mort se voit fantasmée et traverse les siècles jusqu’au haut de l’affiche
en super production à Hollywood.
Shakespeare écrit la tragédie d’Antoine et Cléopâtre donnant un immense élan
de popularité à l’histoire mythique dont les plus grandes comédiennes de Sarah
Bernhardt à Liz Taylor s’emparent avec panache et paillettes. Elles incarnent cette
femme seule en cet ailleurs oriental et donnent corps à ce fantasme, véritable tête
d’affiche médiatique en vulgarisant son destin. Avec la prolifération des images et
la culture de masse, Cléopâtre devient un objet de consommation éclipsant la réa-
lité de la cheffe d’état et de la reine érudite.
Portrait présumé de Jules César
Milieu du Ier siècle avant J.-C.
Marbre du Dokimeion (Asie Mineure)
39,8 x 29 x 19,2 cm
Arles, Musée départemental Arles antique, RHO.1984.05.1943