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Paris, sa banlieue, un baiser volé, un baiser valsé, un bistrot silencieux,un
saut… avec «Instants donnés», la grande rétrospective consacrée à Robert
Doisneau nous plonge dans un récit visuel qui traverse soixante années d’histoire
et d’humanité.
L’exposition du Musée Maillol, construite autour de plus de 400 photographies
issues directement des archives de l’Atelier, s’impose comme un véritable mani-
feste du réalisme poétique, signature du maître français.
Sélectionnées avec rigueur parmi plus de 450 000 négatifs par les deux filles de
l’artiste, Annette et Francine, ainsi que les commissaires de l’exposition Isabelle
Benoit et Benoît Remiche, les images exposées célèbrent non seulement le regard
affûté et l’empathie de Doisneau, mais révèlent aussi la construction formelle et
narrative de chaque cliché. « Une bonne photo », disait-il, « doit contenir une
lettre de l’alphabet ou une signalétique évidente comme une flèche. »
Cette rigueur visuelle ne renonce jamais à la tendresse ni à l’humour, souvent sug-
gérés par les titres ou les légendes pleines d’esprit qui accompagnent ses œuvres.
Cœur battant de l’œuvre de Doisneau, Paris n’est pas un simple décor urbain
mais un organisme vivant. Ses images révèlent la ville dans son quotidien le plus
vibrant. Le regard se pose sur les cortèges d’enfants, les passants distraits, les
amoureux enlacés au bord d’un trottoir.
Mais il y a aussi la banlieue, périphérie humaine avant d’être urbaine, territoire
de mémoire résistante, de pauvreté digne, de poésie silencieuse au-delà des bruits
du quotidien.
L’exposition s’organise autour d’une dizaine de thématiques, chacune identifiée
par un titre sobre presque comme une étiquette d’archive. Pourtant, derrière
chaque titre se cache un microcosme émotionnel.
Robert Doisneau : Le saut, 1936
© Atelier Robert Doisneau