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« Enfance », non pas l’innocence idéalisée, mais le jeu libre, les genoux écorchés,la
solitude et la joie, Doisneau, véritable compagnon invisible, suit sans les déranger ces
enfants explorateurs de l’au-delà des frontières du ciel et de la terre.
La section « Ateliers d’artistes » regroupe les portraits de Picasso, Braque, Giacometti
ou Léger en autant de conversations silencieuses. Le photographe observe sans jamais
s’imposer pour rendre hommage à ce monde qu’il a fréquenté de son objectif en toute
discrétion.
Les « Banlieues » montrent des fragments de quotidien en marge, sans pathos, mais
toujours empreints de dignité, une photographie qui écoute plus qu’elle ne dénonce.
Quant aux « Bistrots », en ces théâtres de la sociabilité française, lieux de l’humaine
comédie, Doisneau capte les gestes infimes, un regard, une main posée sur un verre,
un sourire esquissé.
Avec son iconique photographie du « Baiser de l’Hôtel de Ville », c’est une thématique
transversale qui est abordée avec « Amours et rencontres ». La tendresse devient un
langage universel et tout autour se déploie une grammaire de l’affection, souvent plus
intense dans les gestes volés que dans les baisers affichés.
Loin du concept esthétique du travail manuel de la photographie contemporaine,
Doisneau montre cette dignité silencieuse des mains marquées et des gestes répétés
pour en restituer une profonde humanité avec ses photos de la série « Le travail et les
artisans ».
« Le temps et le regard » nous emporte en une approche familiale de la conservation.
Ce récit visuel est fortement lié à la mémoire vivante de la famille. Les filles du photo-
graphe ont puisé avec leur cœur directement dans les archives de l’Atelier. Leur choix
n’est pas seulement documentaire, il est affectif. Elles ont su interpréter l’œuvre de leur
père sans la mythifier en en restituant la cohérence et la diversité.
Robert Doisneau : Baiser valsé 2 JUIN 1950
© Atelier Robert Doisneau